Monthly Archives: janvier 2018

Décollage en Fouga

Lors d’un voyage à Alberta (Canada), j’ai découvert dans un journal local qu’une société essayait de mettre en place des vols en avion de chasse dans la région, avec passages au-dessus du lac Moraine. Cet effort choquait les habitants, tout comme il m’a choqué. Pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit, ce lac cristallin est une merveile à contempler. Il est surplombé par les sommets coiffés de neige du mont Wenkchemna, dont 914 mètres de parois verticales ferment son rivage oriental. A une époque, ce paysage spectaculaire figurait même au dos du billet canadien de 20 dollars ! Ce lac n’a pas été créé par la moraine ou les débris d’un glacier comme son nom pourrait le laisser supposer, mais par un vaste glissement de rochers du mont Babel. Son étonnante couleur bleu irridescent est due aux fines particules du till glaciaire, qui s’écoulent dans le lac en été lors de la fonte des glaciers en altitude. Ces particules absorbent les couleurs du spectre visible à l’exception du bleu qui, lui, est réfléchi. Ce magnifique lac aux eaux turquoise miroitantes est appelé le « joyau des Rocheuses ». Toute la zone du lac fait partie du Banff National Park, le premier des parcs nationaux canadiens, créé en 1885. Cet endroit est idéal pour observer une grande variété d’espèces sauvages, dont l’ours noir et le grizzly, le mouflon d’Amérique, la chèvre de montagne, le wapiti et l’orignal. De nombreuses pistes de randonnée partent du lac Moraine pour quadriller les montagnes environnantes. L’une d’elles s’élève à plus de 700 mètres au-dessus du lac – une des plus hautes altitudes pour un sentier de randonnée dans les Rocheuses canadiennes. Le lac Moiraine ne se trouve qu’à 15 kilomètres de son voisin plus connu, le lac Louise, mais il est beaucoup moins fréquenté. Un pavillon réputé pour son architecture se trouve sur ses rivages, cette construction à colombages est dotée de vastes baies qui permettent d’admirer le lac et les montagnes environnantes. Il est impossible de ne pas être séduit par cet espace naturel, qui offre en outre la possibilité de faire du canoë, des excursions, d’observer la nature et de pratiquer l’escalade. Il me semble qu’un avion de chasse n’a absolument rien à faire en un tel endroit, et gâcherait grandement sa beauté naturelle ! Même si le projet n’en est qu’aux rumeurs, je pense qu’une telle absurdité n’aurait même pas été envisageable en France. Et je suis heureux de constater que notre pays prenne un plus soin de son patrimoine environnemental. Si je suis loin d’apprécier toutes les restrictions qu’on trouve en France (notamment, en matière de création d’entreprise), j’apprécie tout de même que ces vols soient davantage réglementés et cadrés. Pour tout savoir sur le vol en Fouga Magister, suivez le lien.

La controverse des femmes

Dans le viol d’une femme (ou d’un homme), le seul qui perd sa dignité est le violeur. La dignité de la femme violée n’est absolument pas en cause. Les signataires de la tribune du Monde ont donc littéralement raison, et leurs détracteurs font, sur ce point, au mieux un contre-sens, au pire une mauvaise action, en accordant au violeur un pouvoir moral qu’il n’a pas sur sa victime. La tribune publiée par Le Monde le 9 janvier intitulée (1) : « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle », a suscité des réactions extrêmement violentes. Le passage ci-dessous a beaucoup choqué :  « Les accidents qui peuvent toucher le corps d’une femme n’atteignent pas nécessairement sa dignité et ne doivent pas, si durs soient-ils parfois, nécessairement faire d’elle une victime perpétuelle. Car nous ne sommes pas réductibles à notre corps. » Voici la réaction à cette phrase de l’éditorialiste M. Nicolas Domenach, elle est assez significative : « Autrement dit, toutes celles qui ont été outragées, brutalisées, et même violées n’ont pas à se plaindre. Une telle inconscience suscite la nausée effectivement. » Nicolas Domenach, avec la plupart des commentateurs, fait un contresens total. Qu’est-ce que la dignité ? Voici une définition du Larousse : «Respect que mérite quelqu’un ou quelque chose.» Les victimes de viol ont-elles perdu le respect que nous leur devons ? Evidemment pas. Seul le violeur a perdu notre respect, seul le violeur a perdu sa dignité. Une victime de viol peut être traumatisée (parfois à vie), souffrir énormément, mais la seule chose, précisément, à laquelle son violeur n’a aucun accès, c’est sa dignité. Une victime de viol ne perd pas plus sa dignité qu’une victime d’attentat restée handicapée, pour prendre un autre exemple de crime insupportable. La dignité d’une femme n’est pas entre ses jambes. Seuls les intégristes religieux, les machistes à l’ancienne ou les puritains obsessionnels, estiment qu’une femme non pucelle au mariage, ou adultère, est « indigne ». Seuls les mêmes, donc, devraient pouvoir croire qu’une femme a perdu sa dignité dans un viol. Dans certains pays, des femmes violées sont d’ailleurs assassinées par leurs familles au nom de « l’honneur ». Le contresens de M. Domenach (et de la plupart des commentateurs) est donc total. Le passage de cette tribune est non seulement exact (et « digne » ai-je envie d’ajouter) mais il nous rappelle une vérité fondamentale : le violeur, l’agresseur, le criminel, n’a aucun pouvoir moral sur sa victime. Pourtant M. Domenach et ceux qui le suivent veulent absolument que le viol touche à la dignité des femmes. Et pourquoi ? Parce que, dit-il, nier l’atteinte à leur dignité c’est affirmer qu’elles «n’ont pas à se plaindre.» Le texte de la tribune ne dit pas du tout cela. Bien sûr elles peuvent se plaindre : le viol est une monstrueuse souffrance physique et morale, personne n’en doute à part quelques imbéciles , extrémistes et provocateurs, inutile d’inventer une perte de dignité pour se plaindre, inutile de s’aligner sur tous les intégristes et puritains.