Monthly Archives: septembre 2015

Mouton noir et blanc mouton

Un séminaire incentive à Bordeaux, que j’ai suivi la semaine dernière, s’est penché sur la question de la discrimination en entreprise. Et la réflexion sur le sujet était particulièrement intéressante, au point que j’ai eu envie d’en parler ici. De manière générale, la discrimination consiste à traiter des individus de façon différente alors qu‘il n’y a pas de différences moralement pertinentes entre eux. La naissance, par exemple, est l’un des critères qui favorisent la discrimination. La discrimination s’applique le plus souvent aux membres d’un groupe défini par le sexe ou l’origine sociale. On ne considère les individus qu’en tant que membres du groupe à qui l’on réserve un traitement inférieur. Ce type de discrimination opère notamment dans les domaines de l’éducation, du logement, de la carrière professionnelle. Elle peut être ouverte et sanctionnée légalement ou plus subtile et non officielle. Par exemple, les districts scolaires sont établis sur des bases géographiques discriminantes. Ou encore, lorsque les tests d’aptitude à un travail éliminent en partie les candidats noirs ou les femmes. De tels critères appliqués à la distribution des profits et des charges ne sont pas légitimes et ne mettent pas réellement en rapport l’attribution d’un emploi et la qualification des individus. La race et le sexe sont biologiquement déterminés, et échappent au contrôle des individus. Mais surtout, les membres de certains groupes se voient assigner une place inférieure dans la société, on leur refuse le droit d’être des individus avec des droits identiques aux autres. Les attitudes discriminatoires sont parfois profondément enracinées dans les sociétés, qui finissent par se répartir en strates immuables. Pour remédier à la discrimination, on a parfois proposé d’accorder un traitement préférentiel à ceux qui étaient victimes de ces discriminations, ou de faire une discrimination inversée. De telles mesures peuvent concerner l’ensemble d’un groupe ou ne viser que ceux qui ont été directement victimes de discrimination ; et elles trouvent leur justification dans une perspective d’utilité ou d’harmonie sociale et dans la promotion d’une meilleure égalité des chances. Mais la question qui se pose alors est celle de la délimitation de telles mesures, qui peut au final passer pour une autre forme de discrimination tout aussi injuste pour ceux n’en faisant pas partie. Cet incentive à Bordeaux donnait sérieusement à réfléchir sur la question, mais il semble, en tout état de cause, ne pas y avoir de réponse miracle à ce problème. – Suivez le lien pour plus d’infos.

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Protéger l’Islam

La première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam de France, ce lundi 15 juin, a ouvert le débat sur plusieurs thématiques comme les pratiques rituelles, la construction et la gestion des lieux de culte ou encore la lutte de l’islamophobie. A l’issue de cette réunion, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé la mise en place de plusieurs mesures destinées à réformer l’islam de France et lutter contre le racisme avec notamment la création d’une cellule pour détecter et lutter contre les messages xénophobes, islamophobes et racistes sur Internet. Le ministre a également annoncé l’investissement de 9 millions d’euros dans la protection des lieux de culte. Le ministre de l’Intérieur souhaite également que les imams venus de l’étranger parlent français. Sur 1800 imams en fonction, seuls 30% seraient de nationalité française. « C’est la maîtrise de la langue qui leur permettra de jouer pleinement leur rôle social et non pas seulement liturgique. Il faut que les imams puissent s’adresser à leurs fidèles, dialoguer avec eux tout comme les autorités civiles » a déclaré Bernard Cazeneuve, ajoutant que les imams et aumôniers étrangers devront également suivre une formation « civile et civique » de 120 à 200 heures et ainsi obtenir un diplôme universitaire. Des cours sur les principes de la laïcité et la sociologie des religions en France, le droit du culte et la gestion des associations culturelles seront donc dispensés à Paris, Lille et Toulouse, pour les imams étrangers souhaitant exercer en France. D’après Le Parisien, le gouvernement serait en train de recruter des aumôniers musulmans dans les prisons afin de lutter contre la radicalisation. Une soixantaine d’entre eux serait déjà en phase de recrutement. Le ministère de l’Intérieur espère les séduire en augmentant le plafond de leurs heures d’exercice et ainsi leur permettre d’effectuer 1600 heures au lieu de 1000 en une année. Leur rémunération doublerait et s’élèverait à plus de 2000 euros net pour une semaine de 35 heures, contre 1500 actuellement. Bernard Cazeneuve appelle les victimes de racisme à porter plainte. Bernard Cazeneuve a encouragé les victimes d’actes antimusulmans à porter plainte, estimant que « ce phénomène odieux est sous-estimé, parce que trop de victimes hésitent à parler plainte ». Pour le ministre de l’Interieur, « il faut que les victimes portent plainte contre les actes et les menaces dont elles font l’objet. Ces plaintes doivent être prises et transmises systématiquement à la justice, de manière à ce qu’elles soient instruites et fassent l’objet d’une réponse pénale très forte et sans délai ».

On exécute en Arabie Saoudite

Les autorités saoudiennes ont donc déjà exécuté cent personnes depuis le début de l’année 2015, raconte l’Agence France-Presse relayée par le site libanais The Daily Star. Le 15 juin, un Syrien, nommé Ismael Al-Thauwm, condamné à mort pour trafic d’amphétamines, a subi la sentence dans le nord du pays, tandis que Rami Al-Khaldi, ressortissant saoudien, a été passé par les armes dans l’ouest pour avoir tué un homme à l’arme blanche. Les deux individus ont été décapités au sabre. Ce total place d’ores et déjà le bilan des exécutions en Arabie saoudite en 2015 devant celui de l’année 2014 (durant laquelle 87 personnes avaient péri par décision de justice) mais encore –du moins pour l’instant– derrière le triste record de l’année 1995 et ses 192 mises à mort. L’Arabie saoudite défend une application rigoriste de la Charia, la loi coranique. Comme l’explique cette tribune de Sevag Kechichian, d’Amnesty International, parue il y a quelques semaines dans Newsweek, l’État saoudien assure la communauté internationale de la précision de son cadre judiciaire et légal. Dans la monarchie du Golfe, le meurtre, le viol, la vente de drogue, le braquage à main armée et l’apostasie sont passibles de la peine de mort. Mais la concession de Sevag Kechichian n’est qu’apparente car, selon le militant associatif, l’action de la justice est beaucoup plus trouble qu’il n’y paraît. Il cite le cas de quatre frères, tués en août 2014 pour avoir «reçu du haschisch» et dont les aveux auraient été arrachés sous la torture. Les recours lancés par la famille n’ont pas été entendus. L’absence de preuve concernant un trafic de drogues a seulement poussé les magistrats à n’évoquer qu’«une réception» d’un produit illicite. Si la justice saoudienne défraie régulièrement la chronique internationale, le pays rappelle sa souveraineté en matière politique et judiciaire. Pour l’année 2014, le régime de Riyadh s’établissait à la troisième place des États ayant mené le plus d’exécutions à leur terme, selon le classement d’Amnesty International. L’Iran, avec ses 289 mises à mort officielles, se classait deuxième, loin devant l’Arabie saoudite. En tête, la Chine reste discrète sur le sujet. La comptabilisation du nombre de peines de mort conduites par la justice locale est difficile car la Chine tient les chiffres secrets.