Torture et autres mauvais traitements aux USA

Lors d’une interview filmée le 25 janvier de l’année dernière, le président Trump s’est déclaré favorable à la torture et a affirmé qu’il ferait « confiance » au ministre de la Défense, au directeur de la CIA et à d’autres personnes pour décider si les États-Unis devaient y avoir recours. Rien n’a été fait pour mettre un terme à l’impunité pour les violations systématiques des droits humains – actes de torture et disparitions forcées notamment – perpétrées dans le cadre d’un programme de détentions secrètes mené par la CIA à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Au moins trois personnes soupçonnées d’avoir été impliquées dans le programme de détentions secrètes ont été nommées par le président Trump à des postes de premier plan : Gina Haspel, choisie en février comme directrice adjointe de la CIA, Steven Bradbury, désigné directeur juridique du ministère des Transports, et Steven Engel, nommé à la tête du Bureau du conseil juridique (OLC) du ministère de la Justice. Selon diverses informations, Gina Haspel était cheffe d’état-major de la CIA en Thaïlande en 2002, à l’époque où l’agence dirigeait un « site noir » où au moins deux détenus ont été soumis à la torture et à une disparition forcée. Elle a par la suite été cheffe d’état-major auprès du directeur du Centre de lutte contre le terrorisme, la branche de la CIA qui dirigeait le programme de détentions secrètes. Responsable par intérim de l’OLC entre 2005 et 2009, Steven Bradbury a rédigé un certain nombre de notes à la CIA donnant une caution juridique à des méthodes d’interrogatoire et à des conditions de détention contraires à l’interdiction internationale de la torture et des autres mauvais traitements. Steven Engel a également participé à la rédaction d’une de ces notes alors qu’il était responsable adjoint de l’OLC en 2007. Le 7 novembre, le Sénat a confirmé sa nomination par 51 voix contre 47. Il a approuvé le 14 novembre celle de Steven Bradbury par 50 voix contre 47. La nomination de Gina Haspel ne nécessitait pas l’approbation du Sénat. Le procès devant un jury civil de James Mitchell et John « Bruce » Jessen, deux psychologues engagés par la CIA qui ont joué un rôle prépondérant dans son programme de détention, devait s’ouvrir le 5 septembre, mais un règlement à l’amiable a finalement été conclu en août. Le 19 juin, la Cour suprême a statué sur un recours formé contre d’anciens hauts responsables américains par des personnes d’origine arabe ou sud-asiatique qui faisaient partie des centaines d’étrangers placés en détention aux États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Ces personnes avaient été détenues pendant plusieurs mois dans des conditions éprouvantes après les attentats et dénonçaient de multiples atteintes aux droits humains. La Cour suprême a indiqué que, si leurs allégations étaient avérées, alors ce qui était arrivé à ces détenus « était dramatique » et que « rien dans ce jugement ne devait être interprété comme excusant le traitement auquel ils affirmaient avoir été soumis ». Cependant, elle a statué que la procédure ne pouvait pour l’essentiel pas se poursuivre, perpétuant ainsi le blocage systématique des recours en justice dans les affaires concernant des violations des droits humains dans le contexte de la lutte contre le terrorisme depuis les attentats de 2001.