Un nouveau parfum

Quand ma femme m’a offert une séance pour assister à un atelier de parfum, il y a deux mois, je lui ai dit à quel point j’étais ravi de cette idée. Tout en regrettant, évidemment, qu’elle ne m’ait pas acheté un nouveau smartphone. Et pourtant. Avec le recul, et maintenant que j’ai effectué cette activité tout récemment (samedi dernier), je dois admettre que c’était un excellent choix de cadeau, en définitive. Car j’ai particulièrement apprécié l’expérience. J’ai réalisé cette activité dans le berceau de la parfumerie : Grasse. C’est là que j’ai eu l’occasion de me rendre compte que la création d’un parfum était un véritable casse-tête. Je l’ai compris dès mon arrivée, une fois en position devant mon orgue à parfums : un bureau couvert de 127 fioles contenant chacune une odeur. Autant d’univers olfactifs à explorer et associer pour faire son propre parfum… Les parfums vendus dans le commerce se composent de 100 essences différentes. Durant l’atelier, nous n’en avons associé qu’une vingtaine. Cela peut paraître relativement simple, mais c’est en effet déjà un sacré exploit. Les essences qui composent un parfum servent à créer trois notes (tête, coeur, fond), qui doivent s’équilibrer de manière à créer un tout. Un tout loin d’être évident. Il est très facile de faire un mauvais patchouli, mais beaucoup plus difficile de créer un parfum complexe, délicat. Il suffit de se tromper d’une seule goutte pour ruiner un mélange. Il est d’ailleurs heureux que nous avions eu droit à trois essais et que nous avons pu repartir avec le meilleur ! La chose la plus importante que je retiendrai de ce cours, c’est qu’il faut lâcher prise, se laisser porter par ses sens. Quand on est trop cérébral, on se trompe systématiquement. Par exemple, vous mettriez de la lavande dans un parfum pour homme, vous ? Et vous auriez tort de ne pas oser, car c’est effectivement la lavande qui crée cette note masculine aux parfums pour homme. Il m’aura fallu un peu de temps pour parvenir à me laisser guider par mon nez, mais c’est justement ça qui fait d’un tel atelier une expérience très enrichissante. Et je dois dire que le fait de porter un parfum unique n’est pas désagréable. Surtout que ma femme l’apprécie beaucoup… Si l’expérience vous tente allez sur le site du spécialiste de création de parfum.

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Peut-on arrêter de jouer avec la laïcité ?

La laïcité a été mise au cœur de la « grande mobilisation pour les valeurs de la République » annoncée le 22 janvier par le gouvernement en réponse aux attentats. Mais s’est-on assez demandé ce que la laïcité avait à voir dans les assauts criminels contre Charlie Hebdo et contre l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes? En quoi une formation préalable à la laïcité aurait-elle entravé les délires meurtriers des Kouachi et de Coulibaly? La laïcité est la pierre angulaire du système des libertés publiques, en France comme dans bien d’autres pays d’ailleurs: il n’y a pas de spécificité française à ce niveau, note le Conseil d’Etat dans son rapport « Un siècle de laïcité » (2004). Les membres de la société jouissent d’une pleine liberté de conscience, entendue comme liberté de conviction et d’expression religieuse, conformément à la déclaration des droits de l’homme de 1789 et à l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui l’explicite. La France « respecte toutes les croyances », stipule l’article 1 de notre constitution. Le principe de laïcité ajoute à cette promesse de liberté des clauses propres à la garantir: neutralité de l’Etat, égalité de traitement de toutes les convictions religieuses. En France métropolitaine, on le sait, c’est par la séparation des Eglises et de l’Etat (qui n’exclut pas une articulation si nécessaire) que ces garanties sont mises en œuvre, l’Alsace-Moselle bénéficiant d’une autre modalité, sans être pour autant soustraite au principe fondamental de laïcité, évidemment. Assassiner quelqu’un n’est pas enfreindre la laïcité ; assassiner quelqu’un pour motifs religieux pas davantage. C’est violer la loi et l’ordre public, bafouer le respect dû à tout homme. Mettre en avant la laïcité pour y répondre, n’est-ce pas alors se tromper de riposte? C’est notre communauté morale qui est en cause, sans laquelle effectivement nos institutions démocratiques sont menacées. Renan l’a bien perçu dans son discours « Qu’est-ce qu’une nation? », en 1880. Mais aujourd’hui, qui sait comment faire nation ou faire communauté avec des membres qui ne s’aiment guère, dont certains estiment que les autres n’ont rien à faire ici? Tel est le défi que doit relever une réaction pertinente à ce qui s’est passé en janvier. Focaliser sur la laïcité risque aussi d’entretenir une mauvaise habitude de l’action publique, au détriment des musulmans. Depuis bien longtemps en France, on joue avec la laïcité vis-à-vis des musulmans pour faire le contraire de la laïcité, c’est-à-dire pour limiter les libertés. Dans l’Algérie coloniale, on a prétendu « appliquer » la loi de séparation des Eglises et de l’Etat à l’aide de décrets à caractère dérogatoire: appliquer la loi sur la laïcité consistait à maintenir le contrôle administratif et policier sur l’islam. Aujourd’hui que fait-on? La loi du 15 mars 2004 restreint l’applicabilité de la laïcité aux élèves sous statut scolaire. Or elle s’intitule « loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse… » (nous soulignons). Et l’on a vu, en 2010-2012, feu le Haut Conseil à l’Intégration multiplier les exhortations à interdire, toujours au nom de la bonne et totale « application » du principe de laïcité. Pourquoi le Conseil d’Etat a-t-il laissé passer l’intitulé fallacieux? Il pousse les enseignants et chefs d’établissement à croire qu’en interdisant, ils appliquent la laïcité. Alors qu’en interdisant ils appliquent une loi, et une loi qui a sensiblement réduit l’application du principe de laïcité dans l’espace scolaire, mais là seulement.

Le harcèlement scolaire est plus dangereux que la maltraitance

A savoir, pour mesurer l’étendue des dégats. Une étude montre que les différentes pressions subies par un adolescent ont des conséquences durables sur sa vie, surtout quand elles proviennent de gens de leur âge. Angoisse, dépression, tendance à la scarification voire au suicide, les adolescents victimes de harcèlement continuent à souffrir, une fois adultes, de symptômes persistants. Et les violences répétées, insultes, rejet social, rumeurs ou coups, laissent plus de traces quand ils sont portés par d’autres jeunes gens que par des adultes, dévoile une étude menée au États-Unis et au Royaume-Uni et publiée dans le magazine The Lancet. Elle montre que, sur le long terme, la violence d’autres adolescents a des conséquences plus prononcées sur la santé mentale des anciens souffre-douleurs que les pressions exercées par des adultes sur les enfants. Une surprise pour les chercheurs, cités par CNN, qui attendaient des résultats similaires dans les deux cas. Or l’enquête indique qu’une victime de maltraitance a, par exemple, moins de risque de développer des problèmes psychologiques dus au stress à sa majorité qu’un adolescent harcelé par ses pairs. Le gouvernement français a sorti en début d’année un plan de lutte contre le harcèlement à l’école, phénomène qui touche, selon le ministère, 700.600 enfants du CM2 au collège. Le programme prévoit notamment des formations pour les enseignants. Ceux-ci rencontrent des difficultés à identifier les cas de harcèlement, comme nous le racontions en mars. Comment réagir face à des phrases aussi courantes que violentes comme «tu sers à rien», «t’es trop moche», ou «tu ferais mieux de te suicider». À cette pression subie au sein de l’institution s’ajoute la question du harcèlement sur Internet, qui échappe plus encore au contrôle des adultes et qui prolonge parfois la pression collective exercée à l’école.

Conférence de Reykjavik sur le travail sans loisirs

Hier, j’ai assisté à un séminaire à Reykjavik en Islande, qui s’est révélé très intéressant. Parmi les nombreux sujets évoqués, la fameuse (et épineuse) question du temps de travail a notammnent été abordée. Evidemment, nous avons eu droit aux interventions habituelles dans ce genre de question. Mais l’une d’elles m’a semblé plus intéressante que les autres, car elle s’extrayait de l’immédiat pour avoir une vraie vision d’ensemble (ce qui a tendance à devenir rare, aujourd’hui). A l’inverse des autres, l’intervenant y expliquait comment nous allions être amenés à travailler moins pour gagner plus. Et ce n’était pas une vue de l’esprit, puisque ce processus, disait-il, était déjà en cours. Depuis plus d’un siècle. Les innovations qui ont vu le jour au cours de la révolution industrielle nous ont en effet permis de nous enrichir collectivement et de vivre plus sainement (non seulement plus longtemps mais aussi en meilleure santé). Les emplois que nous occupons aujourd’hui exigent moins de temps et menacent moins notre santé qu’autrefois. Rendez-vous compte : nous jouissons actuellement d’une santé, d’une espérance de vie et d’un niveau de vie dont ne pouvaient même pas rêver les rois et la noblesse au Moyen Âge ! Le scénario-catastrophe selon lequel à l’avenir, nous devrons tous travailler jusqu’à l’âge de cent ans est par conséquent dénué de tout fondement. C’est plutôt l’inverse qui va se produire. La recherche scientifique rend l’homme plus productif et lui permet de travailler de moins en moins longtemps et de moins en moins dur, tout en gagnant en valeur ajoutée. En Occident, le temps où la moitié de la population était active dans le secteur de l’agriculture est désormais révolu, et ce, grâce au tracteur, aux engrais, aux modifications génétiques et aux techniques d’agriculture améliorées. Et au cours du dernier siècle, nous avons surtout consacré l’augmentation collective de notre espérance de vie et de notre richesse à davantage de temps libre qu’à réinvestir ces heures libres dans le travail. Le fait que nous devons aujourd’hui à nouveau travailler plus longtemps n’est qu’un phénomène temporaire. Nous avons en effet pris une avance sur la richesse que nous n’avions pas encore créée. Mais l’estimation la plus réaliste concernant l’avenir nous laisse entrevoir plus de richesse, moins de travail et toujours plus de temps libre. Ce séminaire en Islande a été une véritable bouffée d’optimisme dans le pessimisme ambiant. Je vous laisse le lien vers l’organisateur de ce séminaire en Islande, parce qu’ils sont très bien.

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Parlons des inégalités

Le tournant du XXe siècle aux Etats-Unis est considéré avec nostalgie aux Etats-Unis. Certains y cherchent inspiration pour relancer la cause progressiste, non sans illusion. Professeur d’histoire à Yale, David Huyssen vient de publier un livre revisitant le début du XXe siècle aux États-Unis, une période qui fait aujourd’hui l’objet d’une nostalgie excessive, selon lui. Dans Progressive Inequality (Harvard University Press, 378 pages), il tente une relecture de la Progressive Era, l’Ère progressiste (1890-1920), pour en souligner les paradoxes. Généralement vue comme une période d’avancées sociales, elle aurait rompu avec le capitalisme effréné de la période précédente, le Gilded Age (la Période dorée, 1870-1900). Cependant, selon David Huyssen, cette époque était habitée par un esprit plus velléitaire que réformiste, qui a laissé croître les inégalités. Il revient ici sur la transition entre ces deux périodes, régulièrement évoquées aujourd’hui dans le débat américain. Qu’est-ce qui caractérise la Gilded Age et la Progressive Era ? Au cours du Gilded Age, l’industrie se développe très rapidement sans réel encadrement gouvernemental. La corruption règne et accompagne la croissance des principaux secteurs de l’économie : l’agriculture, le transport ferroviaire, le pétrole, l’industrie. La violence s’intensifie entre la fin des années 1870 et le début des années 1890 lorsque certaines entreprises forment des armées privées pour briser les grèves et les syndicats. L’élite économique prend alors conscience des dommages causés par ces excès, de la montée de la pauvreté, des problèmes sanitaires soulevés par l’urbanisation accélérée. Jacob RiisDeux livres ont marqué les cœurs et les esprits. Je pense ici à How the other half lives (Comment l’autre moitié vit), publié en 1890 par le photojournaliste Jacob Riis. Il y documente les conditions de vie dans les bidonvilles de New York. Puis en 1899, le sociologue et économiste Thorstein Veblen fait paraître sa Théorie de la classe de loisir qui dénonce la consommation effrénée et ostentatoire dont les plus nantis se rendent coupables. Les universités sont également traversées par ce débat. Les femmes y ont désormais accès et certaines d’entre elles deviennent infirmières volontaires dans des settelment houses (maisons d’implantation) qu’elles aident bien souvent à mettre sur pied. Leur ambition était de former des communautés où riches et pauvres pouvaient cohabiter, et où l’on offrait des services sociaux. Je pense ici à des femmes comme la philosophe Jane Addams (1860-1935) ou Lillian Wald (1867-1940), ou Florence Kelley (1859-1932). Elles venaient de familles aisées et ont fait connaître dans leurs milieux les effets de la pauvreté. Enfin, rappelons l’influence du combat anti-monopole qui mena en 1890 à l’adoption du Sherman Anti-Trust Act en 1890. Cette loi est venue renforcer la concurrence dans le transport du grain. Le mouvement populiste, une mobilisation populaire née dans les campagnes, est aux avant-postes de ce combat, poursuivi ensuite par les représentants de l’Ere progressiste. Évoquer ce passé suscite un certain malaise, car il faut bien admettre qu’une union des villes et des campagnes est aujourd’hui difficilement imaginable, tant les États agricoles sont devenus conservateurs. D’où vient ce regain d’intérêt pour l’Ere progessiste ? Entre cette époque et la nôtre, il existe un point commun, l’intérêt porté aux inégalités. Jusque dans les années 2000, il aurait été impensable de voir le New York Times créer une rubrique spécifique pour traiter ce sujet. C’est pourtant ce qu’il a fait avec The Great Divide, un blog qui était dirigé par l’économiste Josepht Stiglitz. Bien que ce blog ait cessé ses activités en juin, trois journalistes du quotidien de référence continuent de couvrir le sujet, Louis Uchitelle, David Leonhardt et Thomas B. Edsall. Différents intellectuels ont en outre apporté des contributions remarquées. Je pense notamment au journaliste Timothy Noah avec son livre The Great Divergence, (Le grand écart, non-traduit), paru en 2012, et à Joseph Stiglitz qui a lui fait paraître Le Prix de l’inégalité en 2013 (publié en France par Actes Sud, 2014, 501 pages, 16.70 euros). Le documentaire de l’économiste Robert Reich, ancien ministre du travail, intitulé l’Inégalité pour tous (2013), a aussi bénéficié d’une jolie popularité pour un film du genre. Inutile enfin de vous parler du succès rencontré par le livre de Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle (Seuil, 2013).

La France Charlie, on en parle encore

Depuis les attentats un Paris, la controverse est engagée entre de nombreux intellectuels américains : un sursaut de tolérance est-il possible en France ? Après les attentats de Paris, la National Review, revue de référence pour la droite conservatrice américaine, a révisé son jugement : la France ne serait pas, après tout, un pays de « singes capitulards bouffeurs de fromage ». La National Review qui avait popularisé cette expression au moment de la guerre en Irak (sans l’avoir créée) l’affirme aujourd’hui, la France n’est absolument pas défaitiste et ne l’a jamais été. Dans les dossiers libyen et syrien, la France ne fait-elle pas preuve d’une détermination qui manque aujourd’hui à Barack Obama, remarque le journaliste James Poulos ? Aussi, ne nous laissons pas abuser, si la France est rentrée dans les grâces de cette revue, c’est qu’elle a une certaine utilité pour tacler la maison blanche. Depuis les attentats, la presse américaine multiplie les articles d’opinion sur la France. D’analyses en chroniques se rejouent certains débats propres aux États-Unis, mais on fait aussi de la France l’épicentre d’enjeux mondiaux qui la dépassent : comment en finir avec la stigmatisation des minorités musulmane et juive, comment défaire l’islam radical et l’extrême droite. Ross Douthat, chroniqueur conservateur du New York Times, estime que la France est à ce titre le « creuset de l’Europe », car le destin du continent s’y joue. Notre pays incarne au fond le retour de l’Histoire, face à ceux qui se contentaient de ne considérer que les questions d’économie. L’essayiste Donald Morrison, auteur de La mort de la culture française (Denoël), craint cependant que la lutte contre le terrorisme ne donne prétexte à la France d’adopter la posture dans laquelle elle se complaît, celle d’une grande nation qui brille à l’international. Dans un article publié par The New Republic, il regrette que Paris continue de poursuivre des rêves de grandeur en lançant des interventions militaires à l’étranger. Des enjeux plus pressants demandent son attention sur la scène intérieure : en finir avec l’exclusion des citoyens des banlieues. Dix ans après les émeutes de Clichy-sous-Bois, force est malheureusement d’admettre que les clivages sociaux et ethniques se sont approfondis en France et que l’intégration des Français musulmans est un grand raté de la République. A ce sujet, un consensus existe aux Etats-Unis, Oncle Sam aurait mieux su reconnaître l’apport des minorités que Marianne. Il est intéressant de noter que le titre qui accueille l’article de Donald Morisson est un ancien bastion de la gauche va-t-en-guerre, qui a tempéré ses positions depuis la débâcle irakienne. The New Republic s’est rapproché de cette gauche américaine, qui, comme Barack Obama, estime que le nation building doit se faire en Amérique. Reprenant en quelque sorte cette idée, Donald Morrison l’applique au cas français. L’ethnographe John Bowen a lui aussi tenu des positions assez sévères à l’égard de la France, notamment dans son livre L’Islam, un ennemi idéal (Albin Michel 2014). Il se montre cependant plus conciliant dans l’article qu’il publie en ouverture du dossier consacré par la Boston Review à « la France après Charlie Hebdo ». John Bowen dit croire en la capacité d’un renouveau des institutions françaises pour mieux intégrer les musulmans, comme elles l’ont fait par le passé pour d’autres minorités. Il regrette cependant « la suppression des différences visibles » à laquelle l’Etat français se livre, notamment depuis l’interdiction du port du voile à l’école. Tenus à l’écart de la vie publique, renvoyés à leur identité religieuse, les musulmans en sont donc venus, par réaction, à demander des droits religieux. Le repli communautaire serait avant tout une réponse à la domination subie. Cette lecture des événements ne fait cependant pas consensus au sein de la gauche. Déjà en 2007 lorsque John Bowen avait fait paraître le livre « Why the French don’t like headscarves » (Pourquoi les Français n’aiment pas le voile, non traduit), The New York Times avait publié une critique au vitriol. Son auteur, Mitchell Cohen, rédacteur en chef de la revue Dissent, reprochait à l’ethnographe d’entretenir une vision biaisée du monde, qui refusait de prendre en compte la montée d’un islam politique.

Ramsay m’a tuer

Si vous vous êtes déjà demandé si les émissions de téléréalité ont une influence sur notre rapport au monde, je peux vous certifier une chose : elles en ont une, c’est un fait indéniable. Je ressens cette influence au quotidien. Gordon Ramsay, par exemple, a un certain ascendant sur moi. Autrefois, cuisiner consistait pour moi à faire des pâtes carbonara. Or, depuis que je suis Cauchemar en cuisine, je me suis vraiment mis à cuisiner. J’ai même participé mercredi à mon premier cours de cuisine ! Je l’ai effectué à Sainte Foy les Lyon, et je dois dire que j’ai été enthousiasmé par cet atelier. Je me suis lancé un peu à l’aventure, je ne savais pas vraiment ce qui m’attendait. Je craignais de tomber dans un aterlier un peu snob. Mais la démonstration s’est avérée être au contraire très chaleureuse. Notre groupe se composait de quatre participants, ce qui a permis à chacun de prendre librement la parole (cela aurait sans doute été plus difficile à dix). Notre formateur était pédagogue et nous montrait ce qu’il fallait faire pas-à-pas, si bien que nous avons tous réussi nos plats. Je m’attendais également à ce que les participants soient des habitués, de petits génies des cuisines. Mais en dehors d’un personne qui avait un peu de pratique au compteur, les autres étaient un peu comme moi, et nous avons formé une vraie bande de pieds nickelés. Ce qui avait somme toute peu d’importance. Lorsque l’un de nous avait une difficulté (ce qui arrivait environ tous les quarts d’heure), nous nous venions mutuellement en aide. Le chef cuistot chapeautait notre travail et nous livrait ses petits conseils de maître. Nous étions à ce point occupés par la réalisation de nos plats que personne n’a senti les heures défiler. Et voilà comment j’ai pu, au final, mitonner entre autres choses une tuile au chocolat, crème au basilic et fraises de Carpentras. Et, oui, le plat était aussi savoureux que son nom le suggère ! Le plus dur a tout de même été de retrouver ma cuisine pour lilliputiens. Car le monde entier se mettrait à cuisiner s’il avait de tels outils : les tables de travail étaient volumineuses, nous pouvions travailler sur de bons produits, en utilisant les accessoires les plus incroyables. Si vous êtes un abonné des pâtes carbonara, je vous invite à essayer. Ce cours de cuisine m’a fait passer à un tout autre registre. Mais attention, il n’y a pas de retour en arrière possible. Vous ne pourrez plus vous contenter de carbonara après ça (en tout cas, pas comme vous les prépariez avant ! Si cette expérience vous intéresse, je vous laisse le lien vers ce cours de cuisine à Lyon.

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On commence à attaquer Clinton

Candidate pressentie à la Maison-Blanche en 2016, Hillary Clinton a retrouvé mardi la tourmente politique, assaillie de critiques pour avoir utilisé une messagerie personnelle lorsqu’elle était secrétaire d’État – un choix qu’elle a regretté, mais défendu. Mettant fin à plus d’une semaine de silence sur la question, Hillary Clinton a fait face à des dizaines de journalistes mardi après un discours sur les droits des femmes aux Nations unies, à New York, dans le but de mettre fin à une controverse qui fait tanguer ce qui pourrait devenir sa seconde candidature à la présidentielle. Pourquoi a-t-elle choisi, à sa nomination par Barack Obama en 2009, d’utiliser son propre serveur d’emails, au nom de domaine @clintonemail.com, plutôt qu’une adresse officielle en .gov? «Je pensais qu’il serait plus simple d’avoir sur moi un seul appareil plutôt que deux pour le travail et pour mes emails personnels», a dit Hillary Clinton, avant de convenir: «avec le recul, il aurait probablement été plus intelligent d’avoir eu deux appareils». Elle n’a pas évoqué la possibilité d’avoir deux comptes sur le même appareil. «Mais je suis absolument convaincue que tout ce qui pouvait avoir trait au travail est désormais en possession du département d’État», a-t-elle ajouté. A la demande du département d’État, en octobre 2014, ses avocats ont fait le tri des 62 320 messages accumulés entre mars 2009 et février 2013 sur son serveur, installé physiquement dans sa maison de l’État de New York. Environ la moitié (30 490) étaient liés à ses responsabilités officielles et ont été transmis, pour archivage, au département d’État en décembre 2014, a détaillé son bureau personnel dans un document de neuf pages envoyé à la presse. Ces messages, environ 55 000 pages imprimées, ont vocation à être publiés dans plusieurs mois sur internet par le département d’État, une fois expurgés de toute information sensible. «J’ai pris la décision sans précédent de dire, allez-y, rendez-les publics pour que les gens puissent les voir», a dit Hillary Clinton. «Les lois et règlements en vigueur lorsque j’étais secrétaire d’État m’autorisaient à utiliser mon email pour le travail».

Quelle attitude face à la Russie ?

Les pays de l’UE ont repris l’examen de leur politique de sanctions contre la Russie: malgré l’absence de consensus, les partisans de la pression continuent de donner le ton, écrit mardi le quotidien Kommersant. Les pays de l’UE examinent l’avenir de leur politique de sanctions contre Moscou à la veille du sommet européen du 19 mars, qui portera sur les relations avec la Russie et la mise en œuvre des accords de Minsk. En fin de semaine dernière, les chefs des diplomaties européennes se sont réunis à Riga pour accorder les positions des 28 pays membres sur la situation instable du conflit dans l’est de l’Ukraine. Les discussions ont révélé des divergences sérieuses concernant les sanctions antirusses, qui expirent le 31 juillet. Les partisans d’une approche dure — la Pologne, les pays baltes, la Grande Bretagne, la Suède, la Belgique — ont appelé à maintenir la pression et à prolonger les sanctions lors du sommet de mars. Mais les opposants à ces mesures ne sont pas d’accord avec ce point de vue. D’après Paolo Gentiloni, ministre italien des Affaires étrangères, on voit des « signaux rassurants » dans la zone de conflit dans le Donbass et « il n’est pas pour le moment nécessaire d’introduire de nouvelles sanctions ou de prolonger automatiquement celles déjà en vigueur ». Son homologue autrichien Sebastian Kurz est visiblement du même avis. Jose Manuel Garcia-Margallo, ministre espagnol des Affaires étrangères, a tenté de rapprocher les deux positions avant sa visite à Moscou, débutée le 8 mars: « les sanctions seront prolongées, comme prévu, mais ce sera tout. A mon avis, il ne faut faire aucun autre pas, il est nécessaire de donner une chance à la paix ». « Les perspectives de mise ne œuvre des accords de Minsk restent toujours trop floues pour que l’UE renonce à sa politique de sanctions, y compris leur volet économique. Les mesures pourraient donc rester inchangées, au moins d’ici la fin de l’année », estime Sergueï Outkine, chef du département d’estimations stratégiques du Centre d’analyse des situations après de l’Académie des sciences de Russie.

Pilotes de chasse pour une journée

C’est en cherchant au hasard sur le web les activités les plus décalées que nous sommes tombés sur celle-là : devenir pilote de chasse le temps d’une journée, et participer à un combat aérien… à bord d’un véritable biplan ! Mon beau-frère et moi ne pouvions pas passer à côté d’une telle occasion. Nous avons donc lâché nos simulateurs pc pour passer au niveau supérieur. Récit d’une expérience hors du commun. C’est apparemment unique en Europe, et ça se passe du côté de Bordeaux. Mon beau-frère et moi avons débarqué sur le site vers 9h30, où nous avons été reçus par Stéphane, dit « Gégé » : un authentique pilote, et un ancien officier de l’Armée de l’Air. Le contact est aussitôt bien passé. Ambiance décontractée. Nous avons pris le petit déj’ ensemble, puis avons revêtu nos combinaisons de pilote. Puis nous avons suivi un briefing exposant les bases de l’engagement dans les airs. Explications professionnelles dans une ambiance détendue. Nous étions installés dans un grand canapé ; pour un peu, on se serait cru à la maison. Mine de rien, le temps passe vite. A la fin du briefing, il était déjà midi. Nous avons donc pris le déjeuner avec les pilotes (le deuxième était arrivé en cours de brief), puis avons enfin rejoint nos appareils : deux biplans avec des visages de requin dessinés sur l’avant de l’appareil. Je ne vous raconte pas le stress quand je me suis installé à l’avant du cockpit ! Je respire un grand coup. Je n’ai jusque-là jamais accompli un vol sur un avion de cette taille, et j’avoue que ça me fait peur. Je m’attends à être secoué en tous sens. Mais la chaussette à vent est en berne, et l’appareil file comme un oiseau dans le ciel. C’est du pur bonheur ! Le panneau du cockpit permet d’observer tout autour de moi. Je fais signe à mon beau-frère dans l’autre appareil. Nous évoluons en patrouille serrée et apprenons à maîtriser les commandes. Ce qui arrive rapidement, puisque l’appareil est plus simple à conduire qu’une voiture. Stéphane, à l’arrière, me signale qu’on peut commencer le combat. Je prends donc les commandes de l’appareil et me place derrière mon adversaire. Je sens une montée d’adrénaline quand j’essaie d’aligner celui-ci dans le viseur. Je presse la gâchette et envoie une rafale. Le bruit de la mitrailleuse résonne dans le cockpit. Raté. Il va me falloir plusieurs minutes avant de faire mouche et voir de la fumée s’échapper de l’appareil touché. Car effectivement, le réalisme va jusque-là : les lasers déclenchent des fumigènes. Prodigieux. Je respire un grand coup et tente de me détendre. Il est temps d’inverser les rôles. Mon beau-frère passe derrière moi et s’apprête à me canarder. C’est parti pour une manoeuvre d’évitement ! Je crois que vous l’aurez compris : j’ai adoré cette expérience et la recommande à tous. Si vous avez autour de vous un passionné d’aviation, vous savez maintenant quoi lui offrir pour son prochain anniversaire ! Superbe expérience, que je recommande. Pour en savoir plus sur cette expérience de pilote de chasse, suivez le lien.