Hollywood et le vice

Les dessous de la cité du cinéma, entre orgies, suicides et alcool. Un recueil jouissif signé du réalisateur Kenneth Anger. A Hollywood, mieux vaut oublier toute vertu, si l’on en croit Retour à Babylone, recueil (illustré) d’anecdotes croquignolettes faisant suite à Hollywood Babylone. Figure majeure du 7e art underground, le réalisateur Kenneth Anger n’a pas sa langue dans sa poche pour raconter « d’autres cancans […] de l’histoire dissidente du cinéma ». Si le casting vaut de l’or, les histoires – souvent jubilatoires – semblent tout droit sorties du caniveau. Ainsi, fervent adepte des bars gays SM, James Dean se grattait sans cesse l’entrejambe sur le tournage de La Fureur de vivre ! Célèbre pour ses rôles de méchant, Lionel Atwill adorait organiser des orgies chez lui. Quant au tennisman Big Bill Tilden, il était impuissant. Mais tout n’est pas en dessous de la ceinture : l’alcool (notamment) coule à flots et le suicide est ici monnaie courante. D’ailleurs, la méthode varie: le réalisateur James Whale se fracassa volontairement le crâne sur le fond de sa piscine, l’actrice Jenny Dolly se pendit à une tringle de sa salle de bains et, entre autres « dames au gaz », l’ex-starlette devenue assistante dentaire Barbara Bates se donna la mort dans son garage fermé. Certes, Retour à Babylone est constitué d’anecdotes qui ne sont pas du meilleur goût, mais le ton d’Anger fait mouche. Surtout, on tient là l’épatante peinture d’un « drôle d’univers où des rivaux qui se vouent aux gémonies doivent s’embrasser […], tandis qu’une foule de spectateurs peu compatissants les observent avec une attention soutenue ». Paradoxal?