Monthly Archives: juin 2015

Un nouveau parfum

Quand ma femme m’a offert une séance pour assister à un atelier de parfum, il y a deux mois, je lui ai dit à quel point j’étais ravi de cette idée. Tout en regrettant, évidemment, qu’elle ne m’ait pas acheté un nouveau smartphone. Et pourtant. Avec le recul, et maintenant que j’ai effectué cette activité tout récemment (samedi dernier), je dois admettre que c’était un excellent choix de cadeau, en définitive. Car j’ai particulièrement apprécié l’expérience. J’ai réalisé cette activité dans le berceau de la parfumerie : Grasse. C’est là que j’ai eu l’occasion de me rendre compte que la création d’un parfum était un véritable casse-tête. Je l’ai compris dès mon arrivée, une fois en position devant mon orgue à parfums : un bureau couvert de 127 fioles contenant chacune une odeur. Autant d’univers olfactifs à explorer et associer pour faire son propre parfum… Les parfums vendus dans le commerce se composent de 100 essences différentes. Durant l’atelier, nous n’en avons associé qu’une vingtaine. Cela peut paraître relativement simple, mais c’est en effet déjà un sacré exploit. Les essences qui composent un parfum servent à créer trois notes (tête, coeur, fond), qui doivent s’équilibrer de manière à créer un tout. Un tout loin d’être évident. Il est très facile de faire un mauvais patchouli, mais beaucoup plus difficile de créer un parfum complexe, délicat. Il suffit de se tromper d’une seule goutte pour ruiner un mélange. Il est d’ailleurs heureux que nous avions eu droit à trois essais et que nous avons pu repartir avec le meilleur ! La chose la plus importante que je retiendrai de ce cours, c’est qu’il faut lâcher prise, se laisser porter par ses sens. Quand on est trop cérébral, on se trompe systématiquement. Par exemple, vous mettriez de la lavande dans un parfum pour homme, vous ? Et vous auriez tort de ne pas oser, car c’est effectivement la lavande qui crée cette note masculine aux parfums pour homme. Il m’aura fallu un peu de temps pour parvenir à me laisser guider par mon nez, mais c’est justement ça qui fait d’un tel atelier une expérience très enrichissante. Et je dois dire que le fait de porter un parfum unique n’est pas désagréable. Surtout que ma femme l’apprécie beaucoup… Si l’expérience vous tente allez sur le site du spécialiste de création de parfum.

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Peut-on arrêter de jouer avec la laïcité ?

La laïcité a été mise au cœur de la « grande mobilisation pour les valeurs de la République » annoncée le 22 janvier par le gouvernement en réponse aux attentats. Mais s’est-on assez demandé ce que la laïcité avait à voir dans les assauts criminels contre Charlie Hebdo et contre l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes? En quoi une formation préalable à la laïcité aurait-elle entravé les délires meurtriers des Kouachi et de Coulibaly? La laïcité est la pierre angulaire du système des libertés publiques, en France comme dans bien d’autres pays d’ailleurs: il n’y a pas de spécificité française à ce niveau, note le Conseil d’Etat dans son rapport « Un siècle de laïcité » (2004). Les membres de la société jouissent d’une pleine liberté de conscience, entendue comme liberté de conviction et d’expression religieuse, conformément à la déclaration des droits de l’homme de 1789 et à l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui l’explicite. La France « respecte toutes les croyances », stipule l’article 1 de notre constitution. Le principe de laïcité ajoute à cette promesse de liberté des clauses propres à la garantir: neutralité de l’Etat, égalité de traitement de toutes les convictions religieuses. En France métropolitaine, on le sait, c’est par la séparation des Eglises et de l’Etat (qui n’exclut pas une articulation si nécessaire) que ces garanties sont mises en œuvre, l’Alsace-Moselle bénéficiant d’une autre modalité, sans être pour autant soustraite au principe fondamental de laïcité, évidemment. Assassiner quelqu’un n’est pas enfreindre la laïcité ; assassiner quelqu’un pour motifs religieux pas davantage. C’est violer la loi et l’ordre public, bafouer le respect dû à tout homme. Mettre en avant la laïcité pour y répondre, n’est-ce pas alors se tromper de riposte? C’est notre communauté morale qui est en cause, sans laquelle effectivement nos institutions démocratiques sont menacées. Renan l’a bien perçu dans son discours « Qu’est-ce qu’une nation? », en 1880. Mais aujourd’hui, qui sait comment faire nation ou faire communauté avec des membres qui ne s’aiment guère, dont certains estiment que les autres n’ont rien à faire ici? Tel est le défi que doit relever une réaction pertinente à ce qui s’est passé en janvier. Focaliser sur la laïcité risque aussi d’entretenir une mauvaise habitude de l’action publique, au détriment des musulmans. Depuis bien longtemps en France, on joue avec la laïcité vis-à-vis des musulmans pour faire le contraire de la laïcité, c’est-à-dire pour limiter les libertés. Dans l’Algérie coloniale, on a prétendu « appliquer » la loi de séparation des Eglises et de l’Etat à l’aide de décrets à caractère dérogatoire: appliquer la loi sur la laïcité consistait à maintenir le contrôle administratif et policier sur l’islam. Aujourd’hui que fait-on? La loi du 15 mars 2004 restreint l’applicabilité de la laïcité aux élèves sous statut scolaire. Or elle s’intitule « loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse… » (nous soulignons). Et l’on a vu, en 2010-2012, feu le Haut Conseil à l’Intégration multiplier les exhortations à interdire, toujours au nom de la bonne et totale « application » du principe de laïcité. Pourquoi le Conseil d’Etat a-t-il laissé passer l’intitulé fallacieux? Il pousse les enseignants et chefs d’établissement à croire qu’en interdisant, ils appliquent la laïcité. Alors qu’en interdisant ils appliquent une loi, et une loi qui a sensiblement réduit l’application du principe de laïcité dans l’espace scolaire, mais là seulement.

Le harcèlement scolaire est plus dangereux que la maltraitance

A savoir, pour mesurer l’étendue des dégats. Une étude montre que les différentes pressions subies par un adolescent ont des conséquences durables sur sa vie, surtout quand elles proviennent de gens de leur âge. Angoisse, dépression, tendance à la scarification voire au suicide, les adolescents victimes de harcèlement continuent à souffrir, une fois adultes, de symptômes persistants. Et les violences répétées, insultes, rejet social, rumeurs ou coups, laissent plus de traces quand ils sont portés par d’autres jeunes gens que par des adultes, dévoile une étude menée au États-Unis et au Royaume-Uni et publiée dans le magazine The Lancet. Elle montre que, sur le long terme, la violence d’autres adolescents a des conséquences plus prononcées sur la santé mentale des anciens souffre-douleurs que les pressions exercées par des adultes sur les enfants. Une surprise pour les chercheurs, cités par CNN, qui attendaient des résultats similaires dans les deux cas. Or l’enquête indique qu’une victime de maltraitance a, par exemple, moins de risque de développer des problèmes psychologiques dus au stress à sa majorité qu’un adolescent harcelé par ses pairs. Le gouvernement français a sorti en début d’année un plan de lutte contre le harcèlement à l’école, phénomène qui touche, selon le ministère, 700.600 enfants du CM2 au collège. Le programme prévoit notamment des formations pour les enseignants. Ceux-ci rencontrent des difficultés à identifier les cas de harcèlement, comme nous le racontions en mars. Comment réagir face à des phrases aussi courantes que violentes comme «tu sers à rien», «t’es trop moche», ou «tu ferais mieux de te suicider». À cette pression subie au sein de l’institution s’ajoute la question du harcèlement sur Internet, qui échappe plus encore au contrôle des adultes et qui prolonge parfois la pression collective exercée à l’école.